20/11/2025

Raphaël François, 100 ans faits mains

La ville compte un nouveau centenaire depuis le 10 novembre : Raphaël Auguste François, ancien menuisier, amateur de chanson et habitant de Bengali.

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Raphaël François, entouré des siens, dans sa kaz à la Rivière du Mât, le jour de son anniversaire.

Un sourire un peu surpris mais beaucoup de fierté. Le 10 novembre dernier, Raphaël Auguste François a soufflé ses 100 bougies entouré des siens, dans sa demeure du lotissement Bengali. Une éternité de souvenirs pour ce Dionysien de naissance et Panonnais d’adoption depuis plus de 70 ans. Arrivé à Bras-Panon à une époque où la route n’était encore qu’une promesse de goudron, il s’est d’abord installé rue des Limites avant de trouver son coin de paradis à la Rivière du Mât, où il a construit de ses mains la maison familiale.
Car des mains, Raphaël en avait de sacrément habiles. Menuisier d’abord, puis garçon de magasin dans le chef-lieu, il a passé sa vie à travailler. 
Qu’il vente, qu’il pleuve, il enfourchait son inséparable Solex. « Parfois, les gens l’aidaient quand la route devenait vraiment mauvaise », sourit sa fille, Maryse. L’engin est devenu une légende familiale, presque un personnage secondaire de son histoire.
Raphaël a vu naître onze enfants — neuf filles, deux garçons — dont deux partis trop tôt. Et aujourd’hui, ce patriarche au regard doux compte 14 petits-enfants, chacun dépositaire d’un bout de son histoire.

L’homme au Solex

Casanier le week-end, épuisé par les trajets quotidiens, il trouvait son refuge dans la cuisine : gâteaux qui embaumaient la maison, pâtés créoles dorés à souhait, confitures en ribambelle. Et puis la chanson : son fameux séga ti côté, qu’il fredonne encore, voix frêle mais mélodie intacte. « Aux fêtes de famille, impossible de passer à côté : il fallait mettre cette chanson, et la danse suivait », se rappelle Maryse.
Pas d’alcool, pas de cigarette — son secret de longévité — mais un solide appétit. « La viande, il aime ça… et pas les os ! », glisse sa fille dans un éclat de rire.
Menuisier un jour, menuisier toujours : il a fabriqué lit, living, meubles… « Un vrai bricoleur, il faisait tout ! »
Et ce 10 novembre, M. François a compris. Vraiment compris. Ses 100 ans.
Il a levé les yeux, étonné comme un enfant, et a murmuré :
« Cent ans ? Mwin la arrive jusque-là ? »
Dans ce souffle fragile se tenait toute une vie — et l’émotion discrète d’un homme qui, sans bruit, a traversé un siècle.

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